Moment de vérité
Impossible pour cette recette d’en choisir qu’une : toutes mes femmes du Piémont – d’origine ou d’adoption – qui m’ont fait leur bönet (prononces Bounette) , le réussisse. C’est mon câlin de l’enfance, mon dessert préféré de tous, tous, tous les temps. Ici, dans les collines qui entourent Alba ou Turin, nous sommes loin de la chaleur du Vésuvio.
Oui, il y a des moments dans la vie où il faut faire face à la réalité. Aujourd’hui ce moment est arrivé. Oui, ma famille italienne est à Naples, oui la Méditerranée c’est casa mia (chez moi), oui le soleil et les tomates sont mon ADN. Mais je dois être honnête…quand je parle en italien, mon accent est plus piémontais que napolitain et mes premiers émois culinaires…sont du nord de l’Italie. Là, j’ai perdu probablement beaucoup de crédibilité auprès de ma famille, mais à l’aube d’une nouvelle ère, je dois – enfin- m’assumer !
Le Bonet un dessert concentré du Piémont
Comme le premier baiser, la première bouchée parfaite goutée enfant, ne s’oublie pas. Et moi, je sais que j’ai vécu cela avec le Bönet. Ce dessert est pour moi un concentré du Piémont : par certain côté austère et si élégant dans sa robe marron avec un liseret couleur noisette. A la première bouchée tu te dis -ah c’est que ça ? Et puis tes papilles goûtent tout le reste, tu découvres la délicate consistance, tu goûtes aux amaretti, tu apprécies le caramel….
Comme quand tu découvres Turin : tu arrives et tu n’aperçois que les usines et les centres commerciaux qui encerclent la ville. Et puis tu te balades dans le quadrilatero romano*, puis tu découvres la créativité de San Salvario* (*quartiers de Turin) et tu admires l’élégance et la simplicité des petits bar turinois et la chic rue Lagrange. Le bönet est peut-être méconnu de ce côté-ci des Alpes…fais-moi confiance, le bönet, ce sera ton nouveau petit chouchou, un tampon de plus sur ton passeport du goût italien.
Toutes les femmes de mes Bonet
Ma maman (Michèle) l’a appris avec Lucetta et sa maman. Une femme d’un âge certain, courbée, ridée, toujours avec une mise en plis impeccable et un tablier pour ne pas se tâcher.. Elle habitait au rez-de-chaussé de la maison de fille Lucetta et dans sa cuisine il y avait toujours un petit bonbon pour nous les enfants et quelque chose qui mitonnait sur le feu.
Puis il y a eu Pina, ma grand-mère d’adoption, la voisine avec qui j’ai découvert la vie rurale, avec qui j’ai plumé des poulets sans faire la grimace et découvert les jeudis des pastaie : toutes les femmes d’un petit amont qui se retrouvaient pour fabriquer gli agnolotti al plin pour le restaurant familial. Pina faisait toujours le bönet pour moi et la panna cotta pour mon frère.
Puis, il y a Rita, qui m’a partagé son cahier de recettes familiales, ses desserts, qui m’a appris à façonner les gnocchi et m’a transmis son amour pour une cuisine faite d’amour et de générosité. Rita maîtrise à la perfection l’art des jolies tables, des assiettes savoureuses et gourmandes qui parlent de sa terre.
De quoi j’ai besoin pour mon dessert ?
- 6 œufs
- 200gr de amaretti
- 6 cuillères à soupe de cacao en poudre
- 6 cuillères à soupe de sucre+ 2-3 cuillères à soupe pour le caramel
- 1/2 litre de lait
Comment je fais ?
- Pour ton dessert, Il te faut commencer par mixer les amaretti avec le sucre et le cacao
2.Puis tu peux battre tes œufs et tu unis petit à petit tes poudres mélangées.
3. Ensuite tu as le choix : ma maman mets le lait à froid, Rita le chauffe avant…les deux bönet sortent excellents, alors je t’invite à faire comme tu le souhaites ! Dans tous les cas, si tu vois qu’un demi-litre c’est trop par rapport à la taille de ton moule, fais-toi confiance et mets-en peu moins !
4. Avant dernière étape, la plus redouté par ma maman : le caramel. Tu le fais à sec : tu fais donc caraméliser tes cuillères de sucre dans une petite casserole et dès qu’il brunit, hop, tu le déposes dans ton moule, de façon uniforme ! Et là aussi, possibilité de faire comme Rita : si tu as un moule qui peut aller directement sur la flamme du gaz, tu peux faire ton caramel directement dans le moule, comme dans la photo.

5. Le caramel fait, tu peux désormais recouvrir avec ta crème et mettre au four, en bain marie (donc ton moule est dans un plat avec de l’eau), à 160° pendant 60 minutes….Et pendant ce temps, tu peux aussi préparer une panna cotta, parce que sur l’assiette, les deux…c’est une petite magie de douceurs !
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