Carnet de voyages : le Jura, cet inconnu

Née en 1984, cette année a une saveur particulière. Apparemment, il y a quelque chose en moi qui est en train de me pousser à faire des choses que je n’ai jamais faites. Raquettes, montagnes et mois de janvier : normalement à l’évocation même de ces mots, la connexion avec Fanny se coupe subitement. Je ne suis que Méditerranée ou Océan. La montagne et moi-même avons subi une rupture par consentement mutuel, il y a plusieurs décennies de cela. Et Mario Matto (Marion le Fou), dans les Dolomites, n’y est pas pour rien dans cette histoire. Instructeur de ski que mon frère adorait. Moi je simulais des vomissements avant ses cours. Tu vois, la montagne et moi c’était pas folichon. Et pourtant, j’ai une nouvelle passion : devenir trappeuse (?!).

Novembre, un moment d’inconscience

J’ai dit oui. Un peu par défi, un peu par dépit, beaucoup pour mes amis. J’ai accepté de partir en week-end trappeur, dans le Jura. Enfin, dans le Jura je ne l’ai imprimé qu’après. Pendant deux mois je baragouinais un truc du genre “je vais dans les Vosges. Enfin vers la Suisse. Ou peut-être le Jura;”. En pointe de la géographie française depuis 1999.

Après un départ de Lyon, rythmé par un Teams duré 1h30, en parallèle d’une panne de voiture (un truc qui est tombé de dessous de la voiture) qui nous a conduit dans un garage de réparation, toujours avec moi en Teams, nous sommes enfin arrivés à rejoindre l’autre partie de la troupe pour notre dernière nuit dans le confort, avant un weekend à la dure (bon ok, avant une nuit à la dure). Téméraires jusqu’au bout, nous nous lançons dans une raclette à 21h30, que j’ai savamment regretté, mais pouvions-nous inaugurer différemment un week-end montagne ?

Se laisser porter, un apprentissage immédiat

Passer de celle qui organise tout (dans ma vie pro et avec mon autre cercle de proche) à celle qui n’organise absolument rien, ça peut prendre juste quelques secondes et c’est savoureux. J’ai ainsi rapidement découvert que nous partions pour deux jours côté Jura Suisse. Et ça m’a fait tout de suite un effet boost : être à l’étranger, même si techniquement nous étions probablement à moins de 20 km de ma frontière, m’a tout de suite transportée et amenée vers cet état que j’aime tant, ce sentiment de couper avec ton quotidien et de se ressourcer.

Se laisser porter, nécessite des amis qui préparent tout au petit soins. Sur ce point, j’avoue être très bien entourée. Et puis ça nécessite un Paco, notre guide pour le weekend. Paco, cheveux blond fou, accent que je peux désormais définir jurassien, est le guide qui sait à la fois te cadrer quand il faut, rassurer quand tu le demandes par une tête pleine de désarroi. Mais surtout, sous ses faux airs désinvoltes, il a cerné toutes les personnes du groupe en un clin d’oeil. En se moquant tantôt de “cubis de 5”, tantôt en prenant le soin de rassurer et des fois en s’amusant de nous pour contribuer à la création d’un groupe. Nous étions 7 amis et 4 autres personnes faisaient partie du groupe de marche : Paco a réussi à faire en sorte que tous et toutes trouvent une place et qu’on ne perde (volontairement ou pas), personne. Et accessoirement il a fait en sorte aussi, comme Juliette, que j’arrive toujours à mettre et à enlever mes raquettes, ce qui n’était pas négligeable.

Et la bouffe, dans tout ça ?

Tu te dis que décidément, j’ai complètement oublié pourquoi j’avais un site, non ? La bouffe a été évidemment le fil rouge de ces deux jours : chaque pause d’observation de traces dans la neige d’empreintes de loups (si si !) ou d’observation de toute la chaîne des Alpes était une occasion pour partager ce que la gastronomie fait de mieux : des amandes, des mm’s, des bananes, des ovomaltine (qui a eu l’idée de crée ça ?), bref une découverte culinaire après l’autre.

Et puis, la nuit tombée, le refuge et sa boîte chaude. Bon, c’est là où l’article devien tricky parce que je dois te dire des choses toutes en les disant pas. je vais essayer de ne rien te dévoiler du refuge, de mes conditions de survie et de ma nuitées. Mais je dois te parler de la boîte chaude qui m’a hantée quelques semaines.

Le titre du séjour est week-end trappeurs, ce qui déjà, contenait suffisamment de stress pour une personne comme moi. Tu rajoutes à cela un texte du genre ” vous allez retrouver la chaleur réconfortante de la boîte chaude au refuge” (les gars du site, ne m’en voulez pas, je retranscrit comme mon cerveau l’a imprimé). j’étais persuadée qu’il s’agisse soit d’un endroit pour dormir (sûrement un peu flippant mais étais-je à ce détail près?) soit une espèce de sauna jurassien dont je ne savais quoi penser.

Heureusement qu’un jour j’ai quand même profité d’être au XXI siècle et consulter quelque chose qui s’appelle Google, pour me rendre compte qu’à priori, j’allais plutôt aimer la boîte chaude, s’agissant de Mont d’Or chaud, agrémenté d’ail et vin blanc.D’ailleurs, tu sais comment s’appelle la personne qui sangle le Mont dOr pour éviter qu’il ne se fasse la malle ? Un sanglier… merci Paco et ses petites pépites distillées au fil des pas.

Revenons à cette soirée refuge : Paco nous avait dit qu’on pouvait amener des spécialités régionales à partager. Je ne pense pas que tu seras surpris.e lorsque je vais t’annoncer que nous avions évidemment une demie Fourme de Montbrison dans nos sacs et quelques litres de vins rouge de Bourgogne et du Beaujolais et une petite verveine, parce que la montagne. Nous avions également de la Praluline de notre ami Pralus, qui a revigoré le petit réveil matinal.

Un doux moment ce dîner : jouer avec de nouvelles personnes autour de fromages et avec les petits verres vaudois en guise de verres à vins. Faire découvrir la verveine au seul anglais resté près de nous après que nous ayons joué au Uno (j’avoue, je ne sais pas me contenir). Re-découvrir le mont d’or et ce mariage délicat avec les pommes de terre de montagne.

La reconnexion, ma résolution

Je pourrais te parler encore plus en longueur de la beauté des paysages et du sentiment de liberté que j’ai éprouvé en traversant les vallées. Ou encore de la dure prise de conscience (encore une fois) de la catastrophe climatique que nous sommes en train de vivre : de la neige pour un weekend de janvier à 13° degrés en altitude, un tourisme de ski qui s’éteint, une vallée qui doit se réinventer, sans parler des vaches laitières qui nécessite une herbe grasse pour se nourrir.

Je pourrais aussi te parler de l’importance d’avoir un Paco pour apprendre et découvrir plein de petites choses savoureuses, faire confiance et suivre, rire et se divertir. Mais je crois que j’aurais beau de te parler de tout ça, il faut plutôt que tu le vives. Parce que dans ce récit, je ne t’ai pas parlé de tout plein de choses qui ont fait que le weekend déconnexion est effectivement devenu un weekend de reconnexion, comme l’a très sagement évoqué Paco. Se retrouver régulièrement dans la nature, sans connexions possibles, n’est-ce pas la meilleure des résolutions à prendre pour les prochains mois?

Pour découvrir le Jura, comprendre si Paco fait des blagues ou pas et te sentir proche des feuillus, je te conseille vivement :

https://www.espace-evasion.fr

https://www.facebook.com/paco.desbois

Les instants de vie, sont capturés par Gilles Rivollier, le chanceux qui a eu ce cadeau d’anniversaire jurassien.

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